Peintre reconnue pour ses performances et ses toiles grand format aux vives couleurs nées d’un geste inspiré, Liska Llorca nous reçoit à Saumur. Rencontre avec une artiste autodidacte dont le cheval est au centre de l’œuvre. A retrouver dans notre numéro 605.

Un cheval, grandeur nature en tulle rouge garance, suspendu au plafond, occupe la moitié du salon. Au mur, un autre, peint sur un fond noir, révèle l’univers créatif de la maîtresse des lieux. Liska Llorca face à sa toile semble à la fois peindre et combattre, les traits de bleu, d’orangé et de rouge sont apposés comme ils le seraient avec des coups d’épée. La peinture est comme projetée, ici sur le chanfrein le pinceau marque une pause, caresse le support, là, au niveau de l’encolure, du poitrail, il le gifle. L’énergie déployée par l’artiste transparaît, intacte, longtemps après l’acte de création lui-même. Les coulures accentuent cet effet de corps à corps entre Liska et son sujet. Le regard qu’elle jette de ses yeux en amande, sa chevelure à peine domptée, révèle une peintre d’une sensualité ardente, il est vrai que dans ses veines coule le sang tzigane. Dans l’appartement plane une atmosphère bohème et de ses fenêtres, Liska Llorca jouit d’une vue imprenable sur le château de Saumur. Elle nous invite à la suivre dans les combles deux étages au-dessus. Sous une fenêtre de toit offrant le même point de vue, Liska dispose d’une table de travail où elle dessine à la lumière du jour.

Lorsque l’on s’en éloigne, on plonge dans la pénombre de cet espace dans un coin duquel l’artiste, entre deux expositions, remise toiles et dessins. Retour dans l’appartement très lumineux où notre hôtesse nous invite à partager le déjeuner dans sa cuisine. Tout cela se fait à la bonne franquette, et la conversation à bâtons rompus roule sur bien des sujets. Sa large ceinture à boucle et le bout de ses bottes ibériques portent des traces de couleurs. Ces amusants indices révèlent que lorsque Liska Llorca peint, elle est comme habitée, happée par son travail. La cuisine communique d’un côté avec le grand salon, et de l’autre, avec une pièce plus petite où règne un sympathique capharnaüm. Une grande toile est roulée dans un recoin, sur un chevalet, des dessins et études en désordre, et au mur, une toile en cours voisine avec un tableau présentant une scène de tauromachie, qui rappelle que Liska Llorca est viscéralement attachée à la culture ibérique.

UNE DÉMARCHE TOUS AZIMUTS

Il y a trois ans la plasticienne a quitté le Vendômois pour s’installer à Saumur où l’automobiliste peut profiter au quotidien depuis 2021 de l’une de ses œuvres où elle rend notamment hommage aux disciplines équestres. Il s’agit d’une fresque située à l’entrée du tunnel Jean-Paul Hugot que surplombe le château. À propos de cette réalisation effectuée en seulement cinq jours, joie et frustration aujourd’hui se mêlent : « Ce qui se serait génial, c’est que le tunnel soit fait des deux côtés et jusqu’au plafond. Mais cela demande deux mois de boulot. » Liska Llorca foisonne d’idées : « On peut aller de l’hyper contemporain et revenir vers Lascaux. »

© Thierry Ségard

via LISKA LLORCA, VIBRATIONS CHROMATIQUES sur Cheval Magazine par Christophe Hercy


LiSKa LLoRCa

Artiste plasticienne Bohémienne dans l'âme. Histoires, danses et musiques se mêlent aux couleurs posées. Attachée au Land'art, j'y apprécie l'action et l'effort qui s'y lient, et puis tous les discours qui apparaissent. Adepte de la performance par les peintures en direct, j'y aime les échanges picturaux, les actions participatives où le plus viscéral et le plus intime s'ouvrent aux regards.

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